Face cachée de la loi santé

La loi de santé cache bien son jeu.

 

Sous la noble cause “d’améliorer l’accès aux soins”, elle masque l’ouverture progressive de notre santé aux diktats de l’économie de marché. Ne vous y trompez pas, le seul objectif du gouvernement est de “faire des économies” en livrant votre santé, aux entreprises privées que sont les complémentaires de santé et les grands groupes. L’Etat impuissant face au trou de la Sécurité Sociale leur offre votre Santé sur un plateau par le biais du tiers-payant généralisé. Ce qui sera économisé par l’Assurance Maladie sera perdu pour la santé des Français.

En route vers le “soin low cost”!

Qui dit entreprises privées, dit objectifs de rentabilité, bénéfices… Là où aujourd’hui les critères de santé publique, organisés par l’Assurance Maladie, régulent l’offre de soin, demain marges et rentabilité économique seront les nouveaux indicateurs d’évolution de la médecine. La solidarité et la proximité, piliers de notre système de soins unique au monde, ne seront bientôt que le souvenir d’une lointaine période révolue!

Les médecins et professionnels de santé se verront soumis à un cahier des charges strict imposé par les complémentaires de santé : temps de consultation rationnalisé, nombre de consultation par jour évalué, traitements et prescriptions surveillés voire imposés… Une médecine aux ordres de ces nouveaux financeurs. Peut-on encore parler de médecine quand l’indépendance des professionnels, pilier de leur code de déontologie, est mise à mal? Ceux-ci se verront rétribués en fonction de leur capacité à remplir des objectifs de rentabilité définis par les complémentaires. Le résultat? Un soin bas de gamme, quadrillé, balisé, aux dépens de la santé du patient. Bienvenu dans le “managed care” à l’américaine où la santé est une industrie!

Dans cette logique de “faire des économies”, on continuera à assister à un transfert de taches vers d’autres professionnels de santé (IVG aux sages-femmes, vaccination aux pharmaciens…), dont les compétences pour ces actes ne font pas partie de leur curriculum vitae.

Vous consulterez “gratuitement”, mais à quel prix ?

Comme le précise la loi, le tiers payant généralisé est sans nul doute “un levier de changement pour l’ensemble du système de santé”. Demain, il vous obligera à souscrire à une complémentaire santé. Chaque Français paiera pour sa propre santé! Si vous avez les moyens de payer une bonne complémentaire, vous serez pris en charge à 100%. Mais si vous n’avez pas les moyens?

Les grands perdants seront les personnes dans l’incapacité de payer une complémentaire de santé (chômeurs, étudiants, retraités). Adieu la solidarité, nous pleurerons bientôt sur les cendres de l’Assurance maladie.

Le tiers-payant généralisé n’est pas la “mesure de justice sociale” que le Gouvernement prétend. Si tel était l’objectif, une éventuelle réforme des régimes ACS (Aide à l’acquisition d’une complémentaire santé) et CMU (Couverture maladie universelle complémentaire) suffisait pour garantir l’accès aux soins des patients qui ne peuvent assurer leurs dépenses de santé. Le plus dramatique ? Ils ne seront pas mieux pris en charge avec cette loi.

Cette loi fait de vos données personnelles, intimes, une monnaie d’échange. Si votre carte vitale transfère aujourd’hui vos données de santé à votre médecin et à l’Assurance Maladie, demain elle les connectera aux financeurs privés. Objectif de rentabilité oblige… vos données personnelles recueillies par ces géants privés de la santé seront moulinées pour vous “proposer” (imposer?) un parcours de soin optimisé et rentabilisé.

Vous le vivez déjà: Facebook, Google, Amazon, Orange… Vous leur confiez une part de votre vie, ils vous proposent des publicités ciblées, des offres promotionnelles correspondants à vos derniers achats, recherches… Votre “profil” est édité, mis aux yeux de tous et revendu au plus offrant voire piraté. Le choix du traitement de votre cancer se fera sur la base de votre profil: quels sont vos revenus? Quelles sont vos chances? Méritez-vous le meilleur traitement ou avez-vous pris des risques au détriment de votre santé? Souriez, votre complémentaire vous veut du bien!

Il y a fort à parier que si les français avaient conscience des effets secondaires de cette loi, ils en refuseraient le traitement.

http://m.huffpost.com/fr/entry/7171010