IDEL/HAD

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Les infirmières libérales vaincues par l’HAD ?

Les infirmières et les infirmiers libéraux avaient été placés au cœur des travaux préparatoires du rapport sur l’HAD en France. Leurs arguments semblaient avoir trouvé une compréhension favorable de la part de la commission, qui a pourtant, de manière officielle, proposé un renforcement du développement de l’HAD …

Un état des lieux de l’offre de soins de proximité

Suite à l’audition fin mai dernier des infirmières et infirmiers libéraux par la Mission d’évaluation des comptes de la sécurité sociale, dont nous nous sommes fait l’écho la semaine passée, la commission de l’Assemblée Nationale a présenté publiquement ce rapport le 12 juillet dernier. Vous pouvez retrouver en vidéo cette présentation faite dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale.

Les infirmières libérales avaient eu l’impression, comme nous le relations, d’avoir été entendues et pourtant elles sont nombreuses à avoir déjà manifesté leur scepticisme face à cette présentation publique.

Il ressort de cette dernière, que le développement de l’Hospitalisation à domicile (HAD) doit être accompagné et renforcé, quitte à ce que le HAD remplace les soins prodigués par les infirmières et les infirmiers libéraux. Dans la présentation faite par Mme HUILLIER, il est fait état d’études, attestant que cette solution du HAD est moins couteuse (pour la collectivité) qu’une hospitalisation complète. A l’inverse, ces études ne sont que trop partielles pour se prononcer sur le comparatif entre HAD d’une part et soins prodigués par les infirmières libérales d’autre part. Pourtant c’est bien cette comparaison, que la Cour des Comptes appelait de ses vœux en décembre dernier.

HAD vs Infirmières et infirmiers libéraux, un combat perdu d’avance ?

La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) s’étonne même que ce rapport ne tienne pas compte d’une étude médico-économique, qu’elle avait remise à la commission. Réalisée par le cabinet JALMA, cette dernière soulignait, chiffres à l’appui, que la perfusion à domicile était 40% moins onéreuse avec les infirmières libérales qu’en HAD.

On pourra aussi s’étonner que dans le même temps, Mme HUILLIER reconnaisse comme essentielle le principe de la continuité des soins et qu’elle constate que « certaines HAD ne fonctionnent que 5 jours par semaine ». Continuité des soins et réactivité avaient pourtant été les maitres mots des autorités publiques pour le renforcement des « soins de proximité », et les infirmières et infirmiers libéraux avaient alors toute leur place à jouer. C’est ce que rappelait John Pinte, vice-président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) : La coordination par l’HAD n’est qu’administrative. Or seules les Idels ont la capacité de se mobiliser sur le terrain et de réagir dans la journée car elles sont soumises à la continuité des soins. »

Et maintenant, quel rôle pour les infirmières libérales ?

La question peut bien être posée. Si les travaux préparatoires laissaient entrevoir de réelles opportunités pour l’avenir de la profession infirmière, le rapport rendu public démontre bien que la priorité sera donnée à l’hospitalisation à domicile, même si cela implique la création de nouvelles structures. Ainsi, la commission a jugé nécessaire de s’interroger sur la création d’une nouvelle structure (encore une), qui aurait en charge les patients trop lourds pour être dirigés vers les SSIAD mais trop légers pour entrer dans le cycle de l’HAD.

N’est-ce pas une des missions des infirmières et des infirmiers libéraux ? On le comprend, les prochaines lois ne seront guère favorables aux infirmières et infirmiers libéraux. Ces derniers semblaient être au cœur des préoccupations de la commission de l’Assemble Nationale, et pourtant le rapport définitif ne s’attarde que très peu sur le rôle des professionnels de santé. La réaffirmation de leur importance dans l’offre de soins en France et quelques propositions plus concrètes, à savoir un appui financier pour les médecins généralistes et pour les infirmières libérales …. des délégations de tâches simplifiées. Une mesure qui peut paraître un peu légère pour les IDEL(s), qui croyaient enfin que les choses allaient changer.

Des syndicats mais aussi des collectifs se sont d’ores et déjà manifestés et ont affiché leur ambition de se faire entendre. Et à quelques mois d’élections nationales de première importance, cette ambition pourra, on n’en doute pas, être tenue. Est-ce à dire, qu’il faudra attendre 2017 et le résultat des différents scrutins pour connaître enfin quel sera l’avenir des infirmières et des infirmiers libéraux face à l’HAD ?

Que pensez-vous de cette version officielle par rapport aux espérances, suscitées par les travaux préparatoires ? Selon vous, faudra-t-il attendre 2017 pour voir « quel camp » a réussi à faire pencher la balance ?