Il y a tant à dire

Il y a tant à dire

Dire sur la nature : qui, en un peu plus de 15 jours a repris ses droits . De l’impact de l’activité humaine sur l’écologie : la pandémie révèle une vérité si souvent décriée .
Dire sur la décision de confinement massif : faute d’avoir anticipé . A trop en dire d’ailleurs, on devient vite un « yacafaucon »  . Pourtant face à toute épidémie les seuls gestes sont bien : tester , confiner les positifs et protéger le plus grand nombre . Faute de cette anticipation et de cette méthode , le confinement massif et ses conséquences économiques seront terribles et toucheront les personnes les plus fragilisées .
Dire sur le dé.. confinement : abstrait et souvent irréalisable . Au désir de reprise rapide de l’activité et de la facture globale de cette non gestion .
On lit tout et son contraire , on attire les réflexions de chacun sur un petit bout de l’histoire , un détail que l’on dissèque sans fin jusqu’à épuisement : une phrase, un bon mot, un coup de gueule , une image . Ainsi plus personne ne voit l’ensemble : cette Bérézina sanitaire et économique . Nous sommes à l’ère du choc des mots et du poids des photos : bref du futile , du léger ,de l’aérien .

Que sont devenus les SDF ? Comment sont confinés les migrants ? Pourquoi les denrées alimentaires ont elles subies une telle augmentation ? De combien la misère va augmenter en France : combien de licenciements , combien de liquidations, d’expropriations, de coupures d’électricité, d’eau ,de téléphone sont prévues ?Ou sont les sans papiers esclaves du travail au noir qui ne bénéficient pas du chômage partiel ? Qui sont ces personnes fragilisées et futurs candidats à la misère ? Les familles mono parentales, les emplois précaires ?
Ou sont les prévisions, les statistiques, les algorithmes ? Car en tant que professionnels de santé ces études nous concernent .
Faute de ceci , nous palabrons sur une application Stopcovid ! Une vraie avancée pour le traçage, un début d’acceptation de surveillance individuelle. S’en suit les anges de mai ou les brigades du mal ou comment sauter allégrement le respect du secret professionnel !
Nous ne sommes pas sur une égalité pour tous mais toujours sur une inégalité certaine .
La belle idée de communication actuelle étant : le monde d’avant et le monde d’après , comme tourner une page pour écrire sur une belle feuille toute blanche le monde à venir.

Sauf que dans la vraie vie , nous pouvons parler  de ces professionnels de santé qui ont su : organiser leurs tournées pour protéger leurs patients. Travailler en réseau et en collaboration pour scinder leurs tournées. Éviter une arrivée massive de patients aux urgences : exception française des professionnels de ville si inutiles et dont il fallait réduire le nombre à tout prix. Faire face à la pénurie de protections en sollicitant les dons et en se les partageant . Avoir le courage de refuser de prendre en charge des patients sans ces mêmes protections , allant par cela à l’encontre de leurs visions éthiques et déontologiques. Créer des centres covid en partenariat avec les mairies et assurant des astreintes même si les ARS refusaient leurs créations. Accepter de subir une perte d’activité et de risquer d’être contaminé avec les quelques maigres avantages qui leurs furent accordés. Accepter une cotation au rabais , vite décidée pour éviter que sous la pression de certaines organisations, surfant sur la psychose ambiante, une exigence de cotations soit plus conséquente ou plus près du réel .

Parlons des ARS . Ces Préfets de Santé qui ont largement prouvé leurs incapacité de décisions et d’organisations.
Préfets de santé incapables d’agir pour que les professionnels de santé soient au minimum munis de masques FFP2 .
Incapables de proposer une gestion correcte et financièrement acceptable des centres covid .
Incapables d’organiser un circuit d’accès aux soins pour les patients non atteints par le virus mais nécessitant un examen , une intervention, une surveillance .
Par contre qui ont su mettre en pleine lumière leur lourdeur administrative

Sous peine de pustules érythémateuses ,évitons de parler du scandale des masques, du petit trafic juteux des marchés officieux , de la communication désastreuse des gestes de protection , de la vision seulement économique de cette épidémie .

Car soyons clairs, dans le monde d’avant la priorité était de maintenir LE marché à tout prix en minimisant les risques de l’épidémie , celle là même qui a fait moins de morts que la pandémie de la peste, du choléra et…. de la guerre de 14-18 si nous cherchons des références !
Dans le monde d’avant on compte journellement les morts , rendant ainsi communs des chiffres cruels .
600, plus que 300 un peu moins que l’Espagne ou l’Italie un peu plus que la Corée . Compétition morbide et vulgaire .
De 600 drames familiaux à 300 , les larmes des proches deviennent elles plus acceptables ? et à partir de quel chiffre ? A quel moment on prononce des vœux de condoléances quand un mort fait parti d’un chiffre ?
Pauvre soldat inconnu mort seul sous son respirateur , enterré en catimini pour cause de risques de contamination . On en deviendrait grossier , abasourdi par tant d’idiotie, le soldat serait encore vivant si ….mais on l’enterre chichement en cas que !
Sachons le noyer dans un chiffre pour mieux le déshumaniser .
Pauvres anciens , qui vivent la maltraitance de l’enfermement par manque de stratégie de protections dans des maisons dites de retraite.

Dans la vraie vie , il est peut être temps de prendre du recul , nous les infirmiers
Invisibles paraît il .
Invisible est un mot qui m’a fait bondir . Est ce ainsi que les infirmiers libéraux se voient ?
Personne n’est invisible !
Les infirmiers libéraux sont vivants , présents , parents , enfants , avec un cerveau , des défauts , des rires de carabins et des colères rentrées . Des humains experts en soins , détenteurs d’une histoire et d’une expertise aussi vieille que celle de l’humanité .
Ils ne sont ni invisibles ni …à poils !
Non , ils ont été entraîné , malgré eux dans un gouffre d’incompétences alimenté par l’aveuglement de certains qui ne virent qu’une crise financière là ou l’humain primait .

Dans la vraie vie , il est temps de poser les bases d’une structure de soins infirmiers de ville .
Car au fil des mois , si nous n’agissons pas , les infirmiers libéraux redeviendront les petites mains des grands esprits qui définiront , à leurs places ,les stratégies sanitaires du monde de « après » .
On peut craindre le pire.

Il fallait une traçabilité des erreurs commises . Infin’idels l’a fait .
En mettant en face de leurs responsabilités les instances , auprès du Conseil d’État , dans le manque crucial de protection et la disparition du stock d’état , en réclamant la liste des commandes passées et surtout les dates de commandes auprès du Tribunal Administratif de Paris , sachant que ceci servira « après »…..
En créant une entité associative de défense pour les professionnels de santé contaminés afin de pouvoir ensemble demander des dommages et intérêts , car la création d’une maladie professionnelle ne suffit pas .

Mais il faut surtout envisager le futur . Doit on encore attendre la prochaine épidémie et le soutien invisible de nos instances ?
Ou bien , forts d’avoir compris que nous avions été les seuls à mener la danse , il est nécessaire de :
prévoir , organiser , coordonner et alerter .
Réduire la consultation infirmière à un simple acte qui n’est existant que parce qu’il est rémunéré est une erreur .
La consultation infirmière est d’abord le regard et l’analyse de l’environnement en santé publique .
Or , s’il y a bien un constat à faire depuis deux mois, c’est que professionnels de santé et santé publique vont de paire .
Prévoir : c’est anticiper .
Plus jamais un cabinet infirmier ne doit être démuni de matériel de protection
Plus jamais un cabinet infirmier ne doit fonctionner sans un protocole d’urgence sanitaire
Organiser : c’est prioriser
Savoir comment protéger les patients les plus fragiles , savoir qui ils sont ou ils sont
Coordonner : c’est structurer
Entre les différentes structures de soins , entre cabinets , et enfin avoir un outil autres que les réseaux sociaux pour communiquer
Alerter : c’est faire reconnaître notre expertise infirmière .
Il y a tant à dire ….
4 verbes dont découle un travail énorme qu’il nous faut mettre en place .

Ce que fera Infin’Idels dés Septembre , avec tous les infirmiers libéraux qui souhaitent participer à ce travail , hors des sentiers battus et des idées toutes faites qui martèlent qu’un professionnel de santé doit rester un bon exécutant dans sa petite zone d’exercice .
Après tout un libéral est assujetti aux règles conventionnelles dans le cadre d’un remboursement de soins , mais il est libre de s’organiser comme il l’entend !

Prévoir une organisation propre aux infirmiers libéraux : des systèmes d’alertes et de communication un peu plus professionnels que les réseaux sociaux, des protocoles d’organisations communs et unifiés , une coordination de protection des patients les plus fragiles , le contrôle de stocks de protections individuels : le temps est venu de laisser la gestion de la santé aux acteurs de terrain .
Le slogan Infin’Idels est plus que d’actualité  :
La voix de la considération
Considération d’une profession dont en ce 12 Mai , on célèbre la fête .

Alors permettez qu’en ce jour, j’ai une pensée émue , pour tous nos collègues disparus , une pensée pour leurs familles et leurs enfants .Ce 12 Mai pour moi leur est réservé , avec en arrière pensée, que si nous avions été mieux préparés, ils seraient peut-être encore avec nous .

Michelle Drouin
Présidente Infin’Idels