Les infirmiers missionnés pour perfuser le corps médical Ou Comment soigner les déserts médicaux en palliatif?


Le débat débute quand est publiée la cartographie des infirmiers en exercice et ses déclinaisons sous forme de sondages par le conseil de l’ordre des infirmiers .

Nous serions donc plus de 600 000 diplômés présents sur tous les territoires : métropole et outre-mer confondus.

Le rapprochement est vite compris : les Infirmiers seraient donc présents, même dans les déserts médicaux, et seraient par conséquent aptes à compenser la pénurie médicale : sous la condition du partage de compétences et de devoir s’entendre sur le mot « partage ».

L’historique entente inter-ordinale porte à réflexion !

En effet :
Les chiffres: 600 000 infirmiers exercent à plein temps en service hospitalier, public, privé, médecine du travail, médecine scolaire, libéral etc.

Chiffre pourtant revu à la baisse par rapport aux estimations passées.
34 millions d’infirmiers dans le monde pour environ 8 milliards d’humains.

Depuis 2018, le chiffre de 9 millions d’infirmiers supplémentaires pour 2030 est avancé pour tenter de faire face aux enjeux du XXI siècle !

Nous sommes loin du compte.
Vous avez dit fermetures de lits et pénurie?

Nous constatons ,que s’aggrave le désintérêt notoire à l’accès de la profession et l’arrêt d’exercice définitif par la notion nouvelle du « travail empêché » : Un terme qui cache de vilaines conditions d’exercice ( travail en pêché ?).

Plutôt qu’une carte visuelle nous aurions souhaité pouvoir lire la définition établit d’un ratio patients / soignants .

En effet , la première question à se poser est bien de savoir combien d’infirmiers doivent être présents pour pouvoir soigner, et par la même occasion, se tenir à une définition reconnue par tous de ce terme .

Soigner ,ce n’est pas une compétence ni une succession d’actes. Ce ratio simplifié nous offrirait quelques surprises !

« Partage des compétences ».

La profession d’infirmier n’est pas une accumulation de compétences.
C’est une qualification.

Un infirmier est qualifié le jour de l’obtention de son diplôme et bien au-delà de sa retraite.

Sa qualification est reconnue au niveau national et même international une des rares professions ou la simple présentation du diplôme permet d’obtenir un visa de travail sans délai .

Nous pourrions appuyer sur le fait
qu’il n’existe qu’une seule personne en droit d’annuler cette qualification : un juge pénal ,dans le cas où il est prouvé l’intention de nuire ou de tuer.

De cette qualification, découlent des compétences : parce que l’expérience professionnelle de chacun est unique, parce que l’étendue de la qualification infirmière va de la naissance à la mort.

Les hard skills spécificités de notre métier renvoient aux notions de compétences techniques et de compétences métier, en effet Il s’agit de hard skills limitées à un seul métier.

Les exemples ne manquent pas !
La capacité à piloter un avion sanctionné par une qualification homologuée s’applique aux seuls pilotes de ligne, la qualification obtenue par les infirmiers : aux infirmiers.

Se moquerait-on de nous: entre « travail empêché » pénurie et partages de compétences.

À n’en pas douter !

Nous aurions préféré entendre parler d’expertise et de moyens pour développer notre expertise.

De diplôme universitaire validant, à auto-prescription du rôle propre, voilà un discours innovant, positif et constructif.

La consultation infirmière ne réside pas dans le fait de tenir un stéthoscope connecté, elle est la base de la prise en charge d’un patient, encore faut-il avoir le courage de faire avancer ce terme professionnel et de décloisonner la mise sous tutelle du rôle propre infirmier.

Les combats pour la profession ne peuvent être masqués par le problème des déserts médicaux, ni par des chiffres sur le nombre de patients sans suivi médical.

Nous sommes passés de coordination pluriprofessionnelle à partage de compétences dans le monde du blender-city :mélanger tout ceci et il en restera toujours quelque chose .

Flatter quelques égos, parler de reconnaissance de la profession, de revanche des infirmiers n’est que le paravent qui cache la misère et la réalité .

La reconnaissance est une valeur abstraite, la qualification détermine les infirmiers au cœur d’une valeur économique dont les rémunérations devraient être à la hauteur de cette même; valeur.

Nous ne sommes ni responsables, ni coupables de l’existence des déserts médicaux, nous sommes responsables des termes que nous employons pour définir notre profession.

De ces termes, doit découler une volonté d’enrichir l’expertise de lui donner plus d’ampleur, d’en définir le cadre. Elle détient sa propre origine, un historique évolutif, une science à développer.

Les infirmiers ont un savoir, ils le démontrent de plus en se formant au travers de diplômes universitaires.

En aucun cas, cette expertise ne compensera l’expertise médicale par transferts et coordinations. En aucun cas elle ne la masquera.

Nous ne pouvons être les complices aveugles, sourds et muets d’un désastre validé et programmé.

Il n’y a pas de revanche à prendre, il y a la réalité à regarder en face et surtout prendre conscience de cette richesse bien présente que les infirmiers sont qualifiés, largement diplômés, et ne demandent que de pouvoir exercer en exploitant au maximum leurs expertises.

La profession infirmière est à un tournant de son existence, elle en a déjà connu d’autres par le passé.

Nous savons sourire de nos anciennes cornettes.

Mais ce qui est proposé à grands renforts de campagne de communication n’est rien d’autre qu’un sens unique attardé, médico-centré, qui permettra de disperser au sein d’une nomenclature mille et un acte à l’emporte-pièce.

Infin’idels exerce son droit de retrait, en toute connaissance et après évaluation de la situation.

Nous ne prendrons pas en charge les quelques perfusions d’hydratation distribuées à notre profession qui n’est pas en soins palliatifs bien au contraire et encore moins vis à vis des conditions actuellement définies par nos ordres ou décisionnaires !

Un clin d’œil au corps médical avec qui nous travaillons par délégation.

Infin’idels