Consultation infirmière


Cet acte promis depuis plus de trente ans comme le saint Graal.
Est-ce une coupe ou bien un vase ? 2000 ans de questionnement !

De quoi parlons-nous ?
D’un dispositif de prise en soin global ayant vocation à répondre à plusieurs données ou problèmes présentés par une personne dans le cadre du vécu de sa maladie.
Et d’où partons-nous ?
« L’infirmier a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaires……il identifie les besoins, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs et met en œuvre. »
Vous vous reconnaissez dans ces deux définitions ?
Et question subsidiaire : pratiquez-vous une consultation infirmière régulièrement ?
Si oui lisez la suite !

La consultation infirmière se base sur l’observation, l’étude des antécédents médicaux, le vécu du patient, l’étude de l’environnement matériel et humain, elle peut être affinée par un panel d’outils à notre disposition : échelles ou tests : de MMSE ….à la pyramide de Maslow etc.
Tout ceci pour : permettre de poser des diagnostics infirmiers et les actions ou buts pouvant en découler. Avec pour objectif à domicile : le confort pour le patient, d’être soigné et maintenu chez lui, dans sa maison sans craindre un nomadisme destructeur ville/hôpital ou celui de pouvoir maintenir une autonomie dans l’évolution de sa pathologie.
Cette consultation est communément faite par chaque infirmier lors de sa première visite, souvent en un temps record, et parfois instinctivement.
Nous savons. Nous savons où se situe le patient et son entourage, nous savons vers ou nous allons pouvoir les amener, nous savons ce qui risque de freiner la prise en charge.
Je dirai même que, plus l’expérience de l’infirmier à domicile est ancienne, plus vite il sait quelles erreurs il ne faudra pas commettre et où il rencontrera des difficultés.
Donc la consultation infirmière existe. Elle est complémentaire et indispensable à toute démarche, même médicalement prescrite.
Où est ce que le bât blesse ?

L’acte DI, est inscrit dans la nomenclature, il fait partie des actes reconnus comme remboursables quatre fois par an par les caisses de sécurité sociale.
Il permet : la rédaction d’une démarche de soins infirmiers, la nomination des objectifs et des moyens mis en place.
Curieusement, l’acte DI est associé à « aide à la toilette » dans l’esprit de tous, peut-être aussi, idée quelque peu entretenue puisque nous voyons bien que jamais le mot « consultation » n’est employé. On reste sur du : « démarche » « séance de soins » « surveillance » « mise en œuvre d’un programme »
Nous tournons autour du Graal !
Nous comprenons bien que les infirmiers n’ayant pas de langage propre utilisent un langage médical troublant : consultation et diagnostic.
Reste le mot : initiative de notre Décret de compétences flirtant avec autonomie.
Consultation, diagnostic et autonomie nous vouent tous à brûler dans les flammes de l’enfer !
Que dire de la consultation infirmière dans le cadre d’une action préventive !

Conventionnellement, le combat pour la reconnaissance du mot consultation et sa définition « remboursable » est à mener.
Statutairement, la consultation infirmière existe, elle est même très courtisée par les organismes mutualistes : rien n’empêche un infirmier d’instaurer des plages horaires à son cabinet ou à domicile, réservées à ses consultations infirmières ou de passer accord avec un organisme mutualiste.
Enfin le mot qui fâche : rien n’empêche un infirmier de facturer ses consultations en dehors des accords conventionnels.
Soins payants certes, on peut en refuser l’idée et camper sur le soin gratuit, pour autant cela est possible et autorisé pour tout infirmier libéral.

Parce qu’à force de ne pas nommer, de ne pas faire, de ne pas facturer et bien la consultation infirmière n’existera pas et restera une chimère vaguement proposée depuis trente ans.
Quand les infirmiers libéraux auront compris que les accords conventionnels ne sont qu’une facette de leur exercice, le libéral prendra toute sa place en santé publique.
Je pourrais énumérer ici tout l’intérêt d’une consultation mensuelle préventive sur de nombreuses pathologies chroniques, inutile, vous le savez tous !

Pourtant dans les actes récents et non-inscrits dans la nomenclature, actes initiés par la situation sanitaire, il a paru enfin évident que cette consultation est indispensable, indissociable.
Penser que la création exceptionnelle d’actes provoquée par une situation exceptionnelle permettra d’avancer des arguments de reconnaissance est un leurre. Ils disparaîtront comme ils ont apparu.
A l’instar de ceci il faudra que le statutaire pousse le conventionnel pour faire sauter les barrières.