Première vague d’un tsunami annoncé
Bousculée par de nombreuses problématiques, la profession d’infirmier-e libéral-e vit actuellement une situation, qui était encore inconnue pour elle il y a seulement cinq ans.
Elle doit, à la fois, faire face aux déserts médicaux, à la défaillance hospitalière, aux fermetures des services d’urgences, au vieillissement de la population, à l’augmentation des prises en charge des malades chroniques, répondre au retard d’une politique préventive, tout en tentant de s’appuyer sur des services médico-sociaux souvent au bord de l’implosion.
De nombreuses propositions émergent, mettant les infirmiers libéraux en première position.
Astreintes SAS, DIANE, centre de SNP, ICOPE, certificats de décès, consultations préventives, prescription des vaccinations, téléconsultations, télé-expertises, gestion médicamenteuse, infirmier-réfèrent, conventions de coordination avec les services sociaux, centres de soins palliatifs, ne sont que le début d’une série qui devrait s’allonger au regard de la situation actuelle.
Dans cette précipitation ou les infirmiers libéraux ont l’impression de combler des manques, il reste que toutes ses propositions relèvent du rôle propre infirmier.
Pour répondre à tous ces manques, faudrait-il encore qu’ils disposent de nombreuses garanties, qui à ce jour sont loin d’être mises en place.
La notion d’expérimentation. Comment structurer un cabinet ne serait ce que pour se positionner sur des astreintes sur la base d’une expérimentation et du risque de son abandon ?
La notion de pérennité. Les financements ARS ou URPS sur des actes spécifiques, non-inscrits dans la NGAP ne garantissent pas sur la longévité de ces financements. Comment structurer un cabinet si dans trois ans, ce type de financement se tarit ?
La notion d’adaptabilité. Le zonage et les restrictions d’installations, comme celle de remplacements proposent un cadre trop strict qui limitent les possibilités de réponses des cabinets infirmiers.
Le fouillis des plates formes virtuelles qui encombrent largement les smartphones infirmiers.
Enfin, l’aberration de dépendre toujours d’une prescription médicale pour mettre en place un bilan de soins infirmiers, la base même de notre profession.
Il est important de rappeler que les infirmiers libéraux sont avant tout des chefs d’entreprises libérales. Que la bonne gestion d’un cabinet et d’un chiffre d’affaires stable sont la base de sa longévité.
Restructurer un cabinet pour associer tournées à domicile, astreintes, déplacements en urgence, planifier des rendez vous de consultations préventives, tout ceci demande un investissement financier et personnel d’organisation, qu’il faut aussi mettre en lumière.
Également rappeler que les infirmiers libéraux exercent dans l’humain. Qu’un temps nécessaire à la gestion de cette relation humaine doit être enfin reconnue.
Sujet toujours occulté à chaque négociation : le temps du soin.
Mais répondre à tout, sans recentrer ce lien fera perdre à notre profession sa mission première.
Nous sommes d’abord des soignants, pas des acteurs, dans le sens de faiseurs d’actes.
La vigilance est de mise.
Oui les infirmiers libéraux sont dans leur rôle en répondant présents, mais pas à n’importe quelle condition, et certainement pas celle qui arrange les lignes comptables en tentant de redorer une politique de santé publique à l’agonie.