Le syndicalisme pour les nuls en huit questions
Un syndicat ce n’est pas un salon littéraire ou chacun discute, un verre à la main!
Un syndicat est une entité faite de contestations, de grandes bouches, de coléreux, ou chacun s’exprime avec ses tripes plutôt qu’en alexandrins.
Historique :
1884 : texte de Loi : création des syndicats, il faudra attendre 1936 : premières victoires syndicales : salaires, congés payés,40 heures, conventions collectives
Est-ce une utopie ?
Un bras de fer pour des luttes d’une autre époque !?
« La liberté d’expression syndicale est la liberté pour chacun de s’exprimer collectivement par l’intermédiaire de ses représentants. »
Protéger celui qui revendique au nom de tous.
Le syndicalisme possède plusieurs visages celui de la résistance, de la transformation sociale, celui de la révolution, du réformiste, de la lutte.
2024 : est-il devenu ringard, politisé? Le syndicalisme est catalogué. : tous vendus ! Au mieux : inutile.
À coups de boutoirs le voici transformé en un rôle amiable avec une dépolarisation du syndicalisme vers des solutions individuelles.
Au dépend de son rôle essentiel qui est de participer à une édification sociale:
« Mouvement ayant pour objectif de grouper des personnes exerçant une même profession en vue de défendre leurs intérêts »
Il reste les coups de Slogans « tous unis, l’union fait la force » ?
Une recette dangereuse.
Pourquoi :
Car le pluralisme syndical est une preuve de démocratie en bonne santé. Tous derrière une même bannière ne peut qu’entrainer l’absence d’expression et d’opinions ayant pour conséquence une autre forme de totalitariste.
L’intérêt du pluralisme est de s’allier vers un objectif commun sans perdre son identité, son ADN syndicale
C’est aussi toute la difficulté d’une collaboration temporaire.
En effet avec 10% de syndiqués, 8% pour certains secteurs : la cohésion sociale est-elle menacée ?
Le syndicalisme débordé par les sujets de lutte et invité à réfléchir aux grands enjeux de restructuration plutôt qu’aux problématiques individuelles, perd en crédibilité, entache sa première loi cardinale celle de représenter non plus ses adhérents mais le monde du travail dans son ensemble.
Le syndicalisme n’est plus la seule option ?
Se créent des formations associatives développées en grande partie grâce aux réseaux sociaux, pour tenter d’obtenir des répercussions immédiates.
A coups de revendications sur des propositions très catégorielles, au détriment des enjeux collectifs!
Ces associations pourtant restent fragiles et condamnées à des résultats rapides sous peine de disparaitre, ou de décevoir.
Le syndicat ringardisé, d’une autre époque, « populiste » ?
En perte d’adhésions collectives, débordé par le nombre de sujets de combats, il doit aussi faire face aux attaques du droit de grève.
Entraver par toute mesure une grève, c’est la rendre moins visible, ce qui permet à certains politiques de dire que lorsqu’il y a une grève en France personne ne s’en aperçoit !
161 journées non travaillées en 2019 contre 4000 dans les années 70 !
Le télétravail et le développement des outils numériques participent aux nouveaux défis des syndicats sur le risque du délitement collectif.
Une personnalisation du travail pour tuer le combat collectif.
Les syndicats n’ont pas su s’adapter aux nouvelles guerres de pouvoir ?
Faudrait-il revoir l’armement ? La propagande de mobilisation ? Se sont ils si éloignés du terrain qu’ils sont voués à disparaître ?
Sommes nous tous complices muets d’une destruction systématique du seul moyen de pression gênant, encore existant face à l’individualisation du travail, la perte de l’esprit collectif, la suppression des acquis ?
Syndicalisme et professionnels de santé libéraux ? Quel chantier!
25 millions d’actes infirmiers en soins de ville en 2019. Une augmentation de plus de 6% depuis 2014.
Un budget de plus de 9000 millions d’euros dont des deux tiers d’actes sont médico-prescrits.
Le quoi qu’il en coûte et des chiffres qui effraient l’UNCAM et la Cour des Comptes, le pied sur le frein, les méninges dans les lignes comptables.
Chacun est convaincu, la main sur le cœur qu’individuellement les praticiens infirmiers libéraux sont sous payés, mais les statistiques dessinent le paysage.
Payés à la minute, au forfait, à l’acte sous forme de panier de soins, de partage d’honoraires, de capitation toutes les recettes sont mesurées pour imposer la plus économique.
La pénurie d’ infirmière un jeu de cache misère ou l’on tente de prendre d’un côté pour donner de l’autre
Sujet immobilisé entre désintérêt pour la profession, compétition avec d’autres pays plus offrants !
Réduction des lits, soins ambulatoires forfaitisation, glissement de tâches, modification du décret de compétences.
Le bénévolat n’est pas encore à l’ordre du jour mais il doit être dans bien des têtes !
Praticien infirmier libéral : Un métier à risques
Un chef d’entreprise dont l’entreprise individuelle doit être formée, soutenue, protégée, assurée avec pour EXIGENCE : la reconnaissance d’une spécialisation et d’une formation obligatoire en gestion d’entreprise.
Premier combat: les indus, contrer les risques de la perte totale de son patrimoine : arrêter l’hémorragie en aval des indus sous peine de voir beaucoup de praticiens quitter la profession.
Les déserts médicaux ou comment permettre aux praticiens infirmiers de prescrire leur rôle et permettre l’accès aux soins.
Le glorieux infirmier-référent pour certains n’est en réalité qu’une porte légèrement entre ouverte qui laisse tout juste passer la lumière !
En réalité
L’hôpital fonctionne avec les soins de ville, les soins de ville avec l’hôpital. Dualité inséparable, pilier d’une médecine de qualité.
Rompre ce lien pour des valeurs économiques c’est rompre la valeur démocratique du soin auquel peut prétendre toute personne vivant en France.
Être un praticien infirmier libéral
Ce n’est pas une éphéméride à coup de slogan « Vis ma vie de soignant » ce pas non plus une simple revendication pécuniaire, et encore moins une reconnaissance émotionnelle nationale.
On ne devient jamais infirmier par hasard. Nous sommes issus des prostituées des léproseries, des sorcières du Moyen-Age, nous détenons un pouvoir qui aux pires heures de notre histoire nous a conduit à être les anges de la mort ou les héros soignants des champs de bataille.
Une connaissance ancestrale qui n’a pas à être reconnue, mais à être IMPOSÉE
Attendre de la RECONNAISSANCE c’est tendre la main pour une aumône!
IMPOSER NOS connaissances c’est faire honneur à nos origines.
Soigner n’est pas une valeur acquise, c’est ce que nous prouvent les heures sombres que nous vivons.
Mal Soigner c’est la mort du soignant. On soigne dans l’excellence ou l’on s’abstient !
Une dernière question se pose : Est -ce un combat syndical ?
Nous devrions tous répondre OUI aujourd’hui !
Infin’idels en accepte toutes les critiques, la perfection n’existe que lorsqu’on ne fait rien.
Car bien au-delà des combats perdus sous le joug de contraintes économiques et de décisions politiques, il y a une vraie guerre, et ce que nous pensions acquis, immuable notamment le droit de soigner tout être humain avec les mêmes chances, la même éthique, est attaqué dans ses fondements propres.
Quelle meilleure façon que de faire disparaitre les seuls obstacles à cet enjeu si ce n’est détruire les seuls opposants protégés par la Loi ? Les syndicats!
Ou comment rendre une Loi inactive ? En la vidant de son contenu.
Reste à clamer « longue vie aux grincheux, aux grandes bouches, aux coléreux qui se battent pour une défense collective »et pour LEUR profession de LIBÉRAUX.
Infirmiers et collègues syndiqués merci d’exister.